« Souvent me revient un souvenir de balade où se mélangent sons, images, odeurs, sensations de fraîcheur ou de chaleur selon le lieu que je traverse. Combien de fois je me suis laissé aspirer par la nature environnante qui m’invitait à écouter le vent dans les feuillages, à suivre l’eau de la rivière qui glissait vers la vallée, à me faire surprendre par une libellule verte ou bleue qui cherchait un coin pour se poser, à sentir sur ma peau les embruns de la cascade qui s’éloignaient du brouhaha des chutes pour s’étaler dans les airs et jouer avec la lumière… Tous mes sens étaient en éveil et je me sentais bien.
Et vous, avez-vous également des souvenirs d’instants magiques comme ceux-là, offerts si simplement par la nature ? »
Extrait n°2 du roman 2152 :
La boule incandescente du soleil couchant irradiait le ciel et la mer. Les nuages semblaient s’enflammer au-dessus de Bornéo tandis qu’à la surface de l’eau s’étendait, depuis sa source lumineuse, une large bande scintillante qui éclairait l’île d’un rouge éclatant. Adossée contre un poteau de la terrasse du bungalow, Poe savourait cet instant privilégié. La chaleur excessive de la journée s’était estompée et la douceur de l’air rassemblait les délicates odeurs de toutes les plantes environnantes. Poe fermait les yeux pour mieux humer ce bouquet aux multiples parfums qui montait jusqu’à elle. En même temps qu’elle respirait ces arômes exotiques, elle se laissait envahir par les chants des oiseaux qui regagnaient leurs nids pour la nuit, à l’abri de la forêt. Ce joyeux concert de sifflements se mêlait à la voix de Mahala qui faisait la cuisine en fredonnant, à l’intérieur. Sur sa peau, la chaude lumière du soleil l’enveloppait comme une fine couverture, juste assez pour contrer la délicate fraîcheur du soir qui commençait à s’installer. Poe se sentait bien dans cette nature qui lui évoquait ses origines. Elle esquissait un sourire de béatitude lorsque quelqu’un rompit soudain le charme en l’appelant…